Finance responsable : à quels labels se fier ?

En 2023, 422 mégaprojets d’extractions de combustibles fossiles, aussi appelés “bombes carbone”, ont été recensés par une enquête de plusieurs médias internationaux. Le rôle des grandes banques françaises est central dans le financement de ces projets. Saviez-vous par exemple qu’elles investissent encore deux fois plus dans des projets d’énergies fossiles que dans des projets d’énergies renouvelables ? Et c’est avec votre épargne que ces projets, qui accélèrent le réchauffement climatique, sont financés.

Face à ce constat, des entreprises et des ONG, comme Reclaim Finance, Oxfam, ou l’application RIFT, militent en faveur de la construction d’une finance plus responsable. Pour mieux l’encadrer, nous avons besoin de labels qui certifient des produits financiers vraiment durables. À ce jour, on en compte plusieurs, aussi bien présents sur les marchés côtés que non côtés. Les plus connus sont : le label ISR, le label Greenfin, et le label Finansol. Et comme ce n’est pas toujours facile de les différencier, on vous aide à y voir plus clair !

Le label ISR : une solution qui est loin d’être parfaite

C'est quoi l'ISR ?

"L’Investissement Socialement Responsable (ISR) désigne une méthode de sélection des entreprises cotées en Bourse en fonction non seulement de leur performance financière mais aussi d’une appréciation de leur comportement éthique, social et/ou environnemental. On parle plus communément de critère ESG, c’est-à-dire des critères liés à l’Environnement, au Social et à la Gouvernance de l’entreprise." (Source : Glossaire de l'Association FAIR).

D’où vient le label ISR ?

Novethic, centre de recherche et d’information sur l’ISR et filiale de la Caisse des Dépôts, a créé en 2009 le tout premier label ISR en France pour répondre au mieux au besoin de transparence financière et établir un cadre unique sur l’investissement responsable dans le pays. Pour renforcer l'aspect réglementaire de ce label, le Ministère de l’Économie et des Finances l’a remplacé par un nouveau label ISR en janvier 2016. Il permet d’indiquer aux épargnants les produits d’investissements socialement responsables français et européens. L'audit de labellisation est assuré par trois organismes tiers (Afnor Certification, Deloitte, EY France), qui sont mandatés par le ministère.

Que faut-il savoir sur le label ISR ?

Le Label ISR est attribuable à la quasi-totalité des placements financiers côtés en bourse qui existent en France. Pour qu’un fonds puisse obtenir le Label ISR, il est nécessaire qu’il réponde à des critères de transparence. L’attribution du label ISR se base sur une méthodologie de sélection extra-financière (ESG), qui permet d’analyser chaque entreprise du fonds d’investissement en question. Au minimum 20% des entreprises ayant obtenu les “pires” notes en termes de critères ESG doivent être exclues du fonds. Les fonds d’investissement labellisés ISR doivent aussi s’engager à être transparents sur l’activité des entreprises qu’ils financent, et à ce titre, ils publient des reportings réguliers, notamment sur la politique d’engagement actionnarial et sur les performances environnementales et sociales.

Les limites du Label ISR

Ce sont les critères d’attribution du label ISR qui sont régulièrement remis en cause. Car il n’y a pas de méthodologie de sélection imposée, et le niveau d’exclusion minimum est “seulement” de 20% des entreprises, ce qui laisse de la place à d’autres mauvais élèves.

Le label ISR ne comprend pas non plus d’exclusion sectorielle. C’est-à-dire que les fonds labellisés ISR peuvent en théorie financer tous les secteurs, y compris ceux à impact négatif, comme les énergies fossiles. L'application Rift a évalué à 31% les fonds labellisés ISR qui financent une entreprise des énergies fossiles, chiffre qui monte jusqu’à 43% si on y ajoute les entreprises du secteur du charbon.

Le label ISR en voie d’être réformée

En octobre 2023, plus de 60 personnalités comme Jean-Marc Jancovici, Jean Jouzel, Eva Sadoun, et des ONG, comme le WWF ou Reclaim finance demandent dans une lettre ouverte à Elisabeth Borne et son gouvernement, l’arrêt du financement des énergies fossiles par les fonds labellisés ISR.

Après plus de deux ans de débats, Bruno le Maire, a annoncé en novembre 2023 que les fonds labellisés ISR ne vont plus financer les entreprises qui développent de nouveaux projets d’énergies fossiles, ainsi que les entreprises actives dans le secteur du charbon. Les fonds labellisés ISR seront aussi dans l’obligation de soumettre un plan de transition aligné avec l’Accord de Paris. La réforme devrait entrer en vigueur à partir du 1er mars 2024.

Et en chiffres ?

1174 fonds labellisés ISR
Aujourd’hui, le marché ISR français représente un montant total d’encours de 773 milliards d’euros.

Le label Greenfin : le label d'État dédié à la transition écologique

D’où vient le label Greenfin ?

Il a été initié en 2015 par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, au moment de la COP21. Il cherche à valoriser les fonds d’investissements qui accélèrent la transition écologique et énergétique. Les grandes orientations de ce label sont définies par les pouvoirs publics, via un comité présidé par le ministère. Le label est délivré par trois organismes tiers : Novethic, EY France, et Afnor Certification.

Que faut-il savoir sur le label Greenfin ?

Il a pour objectif de garantir des pratiques transparentes et durables pour les fonds d’investissement, et il comporte des contraintes assez fortes.

Les fonds labellisés Greenfin doivent investir majoritairement dans une ou plusieurs de ces 8 catégories, appelées “éco-activités” : l’énergie, le bâtiment, la gestion des déchets & le contrôle de la pollution, l’industrie, le transport, les technologies de l’information et de la communication, l’agriculture & la foret, et enfin l’adaptation au changement climatique. Contrairement au label ISR, le label Greenfin a la particularité d’exclure certains secteurs, comme les énergies fossiles et le nucléaire.

Les fonds labellisés Greenfin intègrent des critères ESG et doivent aussi mesurer et rendre compte de leur impact dans 4 domaines : le changement climatique, l’eau, les ressources naturelles et la biodiversité.

Avantages et limites du label Greenfin

Le label Greenfin est considéré comme plus exigeant que le label ISR, surtout car il y a plus de critères à respecter pour l’obtenir. Il garantit aux épargnants que leurs investissements iront dans des entreprises durables, qui soutiennent la transition énergétique et écologique.

Mais comme le label ISR, il se base aussi sur des indicateurs de performance extra-financière, dits ESG. Le problème, c’est que ces indicateurs sont très nombreux et non-normés. Ils peuvent donc être orientés par les agences de notation extra-financière ou les gestionnaires d’actifs financiers pour inclure des entreprises ayant une gouvernance jugée robuste mais des impact sociaux et environnementaux néfastes, par exemple. Malgré le caractère plus contraignant de ce label, c’est donc l’absence d’homogénéité sur les mesures d’impact ESG qui peut poser problème ici.

Et en chiffres ?

104 fonds labellisés
Le marché Greenfin français représente 35 milliards d’euros

Le label Finansol : le seul label de la finance solidaire

D’où vient le label Finansol ?

Créé en 1997 par l’association Finansol (devenue FAIR), le label du même nom garantit la transparence des investissements et permet d’identifier des produits d’épargne solidaire aussi bien sur le côté que le non-côté. Ce label est attribué par un comité d’experts indépendants issus de la société civile et représentant des secteurs diversifiés, allant de l’associatif, au financier, en passant par l’entrepreneuriat social, les médias ou l’investissement à impact.

Que faut-il savoir sur le label Finansol ?

Les produits d’épargne labellisés Finansol doivent au moins se conformer à l’un des deux points suivants :

L’encours de l’épargne doit financer des projets à forte utilité sociale
Les revenus de l’épargne doivent financer des projets solidaires.

À cela s’ajoute des critères de transparence pour les épargnants, qui doivent avoir accès à toutes les informations sur les caractéristiques financières et solidaires de leur investissement.

Les placements d’épargne labellisés Finansol permettent de financer des structures qui agissent principalement dans :

L’emploi et la création d’entreprises
Le logement social
Les activités écologiques
L’entrepreneuriat dans les pays en développement

Vous pouvez retrouver tous les placements financiers labellisés Finansol ici.

Les avantages du label Finansol

Avec le label Finansol, vous pouvez être sûr que votre épargne contribue réellement au financement d’activités génératrices d’utilité sociale et environnementale. Ce label est aussi le seul à sélectionner des produits d’épargne sur des critères sociaux et de solidarité.

Il est très exigeant et ses critères sont renforcés régulièrement. En 2023, le label Finansol a intégré des mesures d’impact obligatoires pour permettre d’assurer un meilleur suivi pour chaque fond labellisé.

Et en chiffres ?

169 produits d’épargne labellisés Finansol
L’épargne solidaire représente 26,3 milliards d’euros en 2022
Les épargnants solidaires ont placé 1,8 milliards d’euros en 2022

Si les labels permettent de poser les premières briques d’une finance plus responsable, il reste encore beaucoup à faire. Et de nombreuses entreprises et ONG, comme Rift, Reclaim Finance, WWF, et OXFAM luttent pour apporter toujours plus de transparence à une finance encore considérée comme trop opaque. Si vous souhaitez participer à votre échelle, découvrez les produits d’épargne labellisés Finansol sur LITA.co, la seule plateforme de financement participatif qui puisse valoriser le label à ce jour.

Sources :